À l’école, certains signaux ne sont pas faits pour être ignorés. Derrière l’agitation d’un enfant, ses provocations ou ses silences obstinés, se cachent souvent des difficultés plus profondes. Ces comportements, loin d’être de simples caprices, racontent parfois une histoire de malaise, de fatigue ou de tensions familiales. Les parents et les enseignants, en première ligne, doivent apprendre à décoder ces messages, à croiser leurs regards et à agir sans attendre. C’est dans ce dialogue, franc et régulier, que se trouvent les clés pour aider l’enfant à retrouver sa place et son équilibre.
Comprendre les causes des mauvais comportements à l’école
Quand un élève perturbe la classe, ce n’est pas toujours le fruit du hasard. Des chercheurs comme Steve Bissonnette (Université TELUQ) et Clermont Gauthier (Université Laval) rappellent qu’un comportement difficile surgit rarement sans raison. Il fait souvent écho à ce qui se passe à la maison, à des relations tendues avec ses pairs ou à un mal-être enfoui.
Les facteurs à prendre en compte
Pour comprendre ce qui se joue, il est utile de distinguer les sources possibles du problème.
- Facteurs familiaux : Qu’il s’agisse de conflits entre parents, de tensions quotidiennes ou d’une présence parentale moins attentive, le climat à la maison déteint sur l’enfant.
- Facteurs scolaires : Certains enfants vivent mal un changement d’école, une ambiance pesante dans la classe ou des désaccords avec leurs enseignants et camarades.
- Facteurs personnels : Un sommeil perturbé, des difficultés à l’apprentissage ou une santé mentale fragilisée peuvent aussi faire dérailler le comportement d’un enfant.
Unir les forces adulte
Face à ces situations, avancer chacun de son côté ne mène à rien. Parents et enseignants ont tout à gagner à discuter franchement, à partager ce qu’ils observent et à construire ensemble des solutions adaptées. Cette alliance adulte crée un climat stable où l’enfant peut retrouver ses repères.
Des interventions qui font la différence
| Intervention | Objectif |
|---|---|
| Renforcement positif | Mettre en valeur chaque effort, chaque progrès, pour encourager l’enfant à poursuivre sur cette voie. |
| Routines stables | Installer des repères réguliers pour rassurer l’enfant et réduire son anxiété. |
| Écoute active | Prendre le temps d’entendre ses émotions et ses besoins, afin d’y répondre plus justement. |
Stratégies pour prévenir les comportements problématiques
Pour éviter que les difficultés ne s’installent, plusieurs leviers existent, à activer au quotidien.
Mettre en place des routines
Une journée structurée rassure l’enfant. Des horaires fiables pour les repas, les devoirs ou le coucher aident à limiter les imprévus et l’inconfort. C’est tout simple, mais terriblement efficace : un enfant qui sait à quoi s’attendre se sent plus apaisé.
Pratiquer l’écoute active
Rien ne remplace l’attention portée à ce que ressent un enfant. Interroger son humeur, prendre le temps d’entendre ses frustrations ou ses peurs, permet de désamorcer bien des tensions. Cette posture, si elle est régulière, renforce la confiance au sein de la famille.
Valoriser le positif
Récompenser les bons comportements, même discrets, vaut parfois mieux que toute punition. Souligner un effort ou un geste attentionné donne à l’enfant envie de recommencer. Ce cercle vertueux nourrit aussi sa confiance en lui.
Entretenir le dialogue avec l’école
Les échanges entre parents et enseignants doivent rester vivants. Partager régulièrement les progrès, les doutes ou les difficultés permet d’ajuster les stratégies, d’éviter les malentendus et de réagir rapidement si besoin.
Prendre soin de soi pour mieux accompagner
On l’oublie parfois, mais un parent serein est plus disponible pour son enfant. Veiller à son propre équilibre, s’accorder des pauses, c’est aussi se donner les moyens de faire face aux tempêtes éducatives avec plus de recul.
Des interventions qui portent leurs fruits
Aller au fond des choses
Avant toute décision, il faut chercher à comprendre d’où vient le comportement. Un trouble à l’école peut avoir des racines à la maison, ou inversement. Là encore, Steve Bissonnette et Clermont Gauthier insistent sur la nécessité de rassembler tous les adultes concernés, enseignants, parents, voire psychologues.
Des méthodes concrètes en classe
Voici deux pistes recommandées par les experts pour canaliser l’agitation en milieu scolaire :
- Définir clairement les règles et les attentes : Les enfants ont besoin de repères explicites. Expliquer, répéter, afficher les règles de classe, c’est offrir un cadre lisible où chacun sait ce qui est attendu.
- Appliquer des techniques de gestion adaptées : Mettre en place un suivi précis des incidents, instaurer des conséquences connues à l’avance, aide à maintenir un climat propice à l’apprentissage et à la sérénité du groupe.
Construire une réponse cohérente entre l’école et la maison
La coordination entre les deux sphères éducatives évite les contradictions et renforce l’efficacité des interventions. Quand adultes et enseignants échangent leurs observations, testent ensemble des solutions et se tiennent informés, l’enfant perçoit une unité qui sécurise.
Quand la situation persiste, faire appel à des spécialistes
Si, malgré tout, les difficultés continuent, il est prudent de se tourner vers des professionnels de la santé mentale. Ces derniers apportent un regard extérieur, posent un diagnostic si besoin, et proposent des pistes adaptées pour apaiser le quotidien de l’enfant.
Quand et comment chercher de l’aide extérieure
Repérer les signaux qui doivent alerter
Certains comportements, lorsqu’ils s’installent dans la durée, doivent pousser à consulter. Un enfant qui, semaine après semaine, affiche une grande tristesse, des colères incontrôlables ou accumule les difficultés scolaires a sans doute besoin d’un accompagnement spécifique. Ces signaux ne surgissent pas sans motif et méritent une attention sérieuse.
Faire appel aux professionnels adaptés
Pour obtenir un regard neuf et des solutions ciblées, plusieurs professionnels de la santé mentale peuvent intervenir :
- Psychologues : Ils évaluent la situation de façon approfondie et proposent des thérapies sur mesure, en tenant compte du contexte familial et scolaire.
- Pédiatres : Leur rôle est d’écarter une cause médicale ou neurologique, parfois méconnue, qui perturberait le comportement.
- Psychiatres : Dans les cas les plus complexes, ils peuvent accompagner l’enfant avec un suivi médical, incluant si nécessaire un traitement adapté.
Réussir la collaboration entre tous les acteurs
Une coordination active entre parents, enseignants et spécialistes rend l’accompagnement beaucoup plus efficace. En faisant circuler l’information, en ajustant régulièrement les stratégies, chacun contribue à créer un filet de sécurité autour de l’enfant.
Se former pour mieux agir
Des parents témoignent : suivre un programme de formation sur la gestion du comportement a changé leur quotidien. Ces ateliers, animés par des professionnels, offrent des outils concrets et des méthodes testées pour apaiser les tensions à la maison comme à l’école. Devenir parent, ça s’apprend aussi.
Gérer le mauvais comportement d’un enfant à l’école ne se résume jamais à une recette miracle. C’est une aventure à plusieurs, faite de tâtonnements, d’ajustements, et parfois de détours inattendus. Mais chaque pas, même minuscule, compte et prépare le terrain à une trajectoire plus apaisée, pour l’enfant comme pour les adultes qui l’entourent.


